La série eee (espèce exotique envahissante), réalisée entre Rome et Paris, s’interroge sur la catégorisation des oiseaux en milieu urbain à travers la figure de la perruche à collier. Chaque image s’imbrique dans une fantasmagorie destinée à visibiliser les êtres soumis aux normes de la pensée naturaliste.

Originaire d’Afrique centrale et d’Asie, la perruche à collier est présente dans de nombreuses grandes villes européennes après avoir été introduite de façon accidentelle ou volontaire par l’homme. En France, elle figure depuis 2018 parmi les « espèces exotiques envahissantes », c’est à dire une espèce qui menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales. Une classification permetant sa régulation par abattage, et ce, malgré une importante étude réalisée en 2020 de l’Université Paris-Saclay, du Muséum national d’Histoire naturelle, d’AgroParisTech et du CNRS1 montrant une compétitivité très relative de la Psittacula krameri (nom scientifique) en matière d’accès aux ressources alimentaires ainsi qu’à la nidification.

« Pour qu’une espèce envahissante s’installe durablement, il ne suffit pas qu’elle se déplace vers de nouveaux espaces, il faut également qu’elle y rencontre des écosystèmes suffisamment perturbés desquels elle trouvera une niche écologique vacante. »
— Gérard Leboucher "Dans la tête d'un oiseau" 2024

Dans la lignée de nos politiques migratoires, ces mesures dites « régulatoires en faveur de la biodiversité » éclipsent les animaux du réel en les dépossédant de leur histoire. Par ce biais, l’humain se conforte dans une conception hiérarchique anthropocentrée qui a pour effets de figer les masses en un bloc homogène afin d’annihiler l’essence même de toute individualité propre à chacun.
Si, la communauté scientifique s’accorde tout de même à dire que l’ensemble des vertébrés (et probablement de nombreux invertébrés) sont sentients, ne serait-il pas temps de changer de paradigme afin de passer d’une éthique environnementale à une éthique animaliste ?