La série eee (espèce exotique envahissante), réalisée entre Rome et Paris, s’interroge sur la catégorisation des espèces en milieu urbain à travers la figure animale de la perruche à collier. Chaque image s’imbrique dans une fantasmagorie destinée à visibiliser les êtres soumis aux normes de la pensée naturaliste.

Originaire d’Afrique centrale et d’Asie, la perruche à collier est présente dans de nombreuses grandes villes européennes après avoir été introduite de façon accidentelle ou volontaire par l’homme. Contrairement à d’autres pays comme l’Italie, la France mentionne cet oiseau depuis 2018 sur sa liste des “eee”, et ce, malgré une importante étude de l’Université Paris-Saclay, du Muséum national d’Histoire naturelle, d’AgroParisTech et du CNRS1 montrant une compétitivité très relative de la Psittacula krameri (nom scientifique) en matière d’accès aux ressources alimentaires ainsi qu’à la nidification.

« Pour qu’une espèce envahissante s’installe durablement, il ne suffit pas qu’elle se déplace vers de nouveaux espaces, il faut également qu’elle y rencontre des écosystèmes suffisamment perturbés desquels elle trouvera une niche écologique vacante. »
— Gérard Leboucher "Dans la tête d'un oiseau" 2024

Dans la lignée de nos politiques migratoires, ces mesures dites « régulatoires en faveur de la biodiversité » éclipsent les animaux du réel en les dépossédant de leur histoire. Par ce biais, l’humain se conforte dans une conception hiérarchique anthropocentrée qui a pour effets de figer les masses en un bloc homogène afin d’annihiler l’essence même de toute individualité propre à chacun.
Si, la communauté scientifique s’accorde tout de même à dire que l’ensemble des vertébrés (et probablement de nombreux invertébrés) sont sentients, ne serait-il pas temps de changer de paradigme afin de passer d’une éthique environnementale à une éthique animaliste ?