HORS-SOL
Été comme hiver, des vagues humaines déferlent sans cesse sur le parvis de la cathédrale de Milan. Parmi la foule, un groupe d’hommes dont B. (déraciné Malien), proposent aux touristes des clichés souvenirs avec ceux que l’on surnomme «les rats du ciel». Pour chaque image, une main pleine de pitance suffit à rameuter les centaines de pigeons de la place sous les différents regards culturels.
Entre ces hommes et les oiseaux qu’ils ont apprivoisés se cache une complicité par mimétisme à travers un échange de bons procédés. Une bienveillance et une solidarité unies face à l'imaginaire collectif du parasitisme.
« Les politiques migratoires, pour renforcer leur légitimité, mobilisent l’imaginaire animalier. Autrement dit, pour faire naître au sein des populations nationales une détestation des personnes exilées, ces politiques puisent dans notre détestation des animaux en semant le doute quant au fait que ces personnes soient véritablement humaines. Ce sont des discours de légitimation des politiques publiques qui, nous le voyons bien, mêlent spécisme, racisme, sexisme et classisme. »
La série Hors-sol cherche à mettre en évidence les similitudes du processus d'animalisation que subissent certaines populations humaines et non humaines ; dont la pensée consiste à dissocier les êtres humanisés (reconnus comme égaux) des êtres animalisés (reconnus comme inégaux), en les rejetant de l’autre côté de la frontière.